Juliette Muret-Sbrana, Vigneronne du Château La Robertie

Juliette Muret-Sbrana,
Vigneronne
du Château La Robertie

Juliette Muret-Sbrana,
Vigneronne
du Château La Robertie

La vie moderne dans ce qu’elle a d’étourdissant tend à nous couper de notre sensualité. En devenant vigneronne, j’ai souhaité me reconnecter à la nature et à mes sensations.

Retrouver le goût intense de la vie plutôt que me perdre dans la quête effrénée d’une vie intense.

J’ai hâte de partager cette expérience avec ceux et celles qui me feront l’honneur de goûter les vins du Château La Robertie.

Le goût intense de la vie

Ces vins, je veux qu’ils racontent le roulis des cailloux sous les pas, la terre amoureuse, le clapotis de la pluie, le bourdonnement des insectes, et le soleil qui chauffe la peau et donne aux baies des taches de rousseur.

Je veux qu’ils disent le respect et l’admiration que j’ai pour cette nature sensuelle et essentielle. Etre une des mains qui transforme l’eau de la terre en jus sanguin, vivant, palpitant.

Je veux aussi et surtout faire des vins à boire. Des vins dont chaque gorgée vous convie à ma table. Que nous y partagions ensemble des mets simples mais justes, des recettes de famille.

Enfin, je veux faire des vins qui vous donneront envie de pousser les portes du Château La Robertie. Pour mettre des images sur vos sensations, celles des paysages vibrants du vignoble de Bergerac, au cœur du Périgord.

Vignes du Château La Robertie

Chroniques
d’un retour à l’essentiel

"Alors, Juliette, qu’est-ce que tu sens ?"

  • année 1989

Le vin a toujours fait partie de ma vie. Je me souviens de son importance lors des repas du dimanche en famille. On avait passé du temps en cuisine pour confectionner des mets simples et justes. Mais la vraie star du repas c’était le vin.

"Le vin est la partie intellectuelle d'un repas. Les viandes et les légumes n'en sont que la partie matérielle."Alexandre Dumas

Mon père me tendait son verre : « Alors Juliette, qu’est-ce que tu sens ? ». Plus concentrée que jamais, j’essayais de mettre des mots sur mes sensations.

Nous habitions dans les Yvelines, entre plaine et forêt, alors je n’ai pas grandi entourée de vignes. Mais sur la route des vacances, sagement assise à l’arrière de la voiture, je regardais défiler ce que j'appelais les « Côtes d’autoroute ».

Mon père et mon grand-père avaient « leurs vignerons ». C’était une sorte de rituel des vacances. Nous nous arrêtions dans les domaines et châteaux et repartions la malle pleine. Toute la famille avait le plus grand respect pour le vin et ceux qui le font.

Avant le phylloxera, il y eut des vignerons dans l’arbre généalogique, à Boissy-sans-Avoir. Cinq générations plus tard, je renoue donc avec la tradition.

année 1989
année 1999

Prof ou vétérinaire ?

  • année 1999

Pourtant cela n’a pas été tout de suite une évidence. Je me souviens plus jeune que je me figurais parfaitement pouvoir devenir vétérinaire, ou professeur de biologie , mais pas vigneronne. C’était pour moi une chose qu’on devenait de père en fils…

J’étais déjà étudiante en première année lorsqu’une jeune femme était venue témoigner de son parcours et son passage par la faculté d’œnologie. C’est à partir de ce moment-là que l’idée de faire du vin mon métier est enfin apparue comme une possibilité.

Aussi en 2001, j’intégrai Bordeaux Sciences Agro en tant qu’élève fonctionnaire et me spécialisai en viticulture et œnologie.

Jusqu’à l’aube de mes 40 ans j’ai ensuite évolué dans la fonction publique : Professeure d'œnologie, directrice d’exploitation dans des lycées viticoles… de la Vallée de la Loire à celle du Rhône, en passant par Bergerac, j’ai mis beaucoup de cœur à former les jeunes viticulteur(rice)s de demain.

Et puis un jour l’envie de mener mon propre projet s’est fait sentir.

Renouer avec la terre

  • année 2019

Je voulais entrer pleinement en viticulture, y mettre autant le corps que l’esprit et retrouver au contact de la nature des sensations de mon enfance. Petite, il m’arrivait de rester volontairement sous la pluie, juste pour le plaisir de ressentir ce que c’est qu’être trempée jusqu’aux os.

Je veux aujourd’hui faire un métier qui me permette de ressentir cela à nouveau : la nature, les éléments, le cycle de la vie. Prendre part à ce processus à la fois technique, artistique et un peu magique qu’est la création d’un vin. Savez-vous qu’il est constitué à 85% d’eau ?

Une sève énergisante qui vient de la terre transformée en vin lors de son passage par le cep de vigne.

"La vigne et le vin sont de grands mystères. Seule, dans le règne végétal, la vigne nous rend intelligible ce qu'est la véritable saveur de la terre. Quelle fidélité dans la traduction !
Elle ressent, exprime par la grappe les secrets du sol. Le silex, par elle, nous fait connaître qu'il est vivant, fusible, nourricier. La craie ingrate pleure, en vin, des larmes d'or."Colette

Je veux qu’on le ressente quand on déguste mes vins. C’est pour cela que je veux soigner mes sols, y faire attention. Et c’est ce qui m’a poussée à m’installer ici en Dordogne.

année 2019
année 2021

La Robertie

  • année 2021

Avant notre installation au Château la Robertie, mon mari, mes enfants et moi avions vécu déjà pendant presque 10 ans en Dordogne. Nous y avions découvert une nature préservée, omniprésente, qui excite l’œil par sa splendeur et sa diversité.

Et surtout : une douceur de vivre sans égale. Car ici, on vit au rythme des saisons, on calque son horloge sur celle de la nature et c’est un luxe incomparable. A l’heure de concrétiser mon projet, je savais que ce serait ici, à Bergerac.

Ma rencontre avec Brigitte Soulier, vigneronne au Château de la Robertie de 1999 à 2020 a été décisive. Le vignoble conduit en agrobiologie et ce qu’elle en avait fait au fil des ans m’ont séduite. Poursuivre l’histoire qu’elle avait initiée m’a semblé tout à fait naturel.

La Robertie ce sont des vignes, un chai. Mais c’est aussi une maison au milieu des vignes, où voir grandir mes enfants, et accueillir famille et amis.

Alors Juliette, qu’est-ce que tu sens ?
L’essentiel, là, tout autour de moi.